Dans un monde numérique en évolution rapide, la sécurité des données est une préoccupation majeure pour les cabinets d'avocats. Bien que beaucoup sous-estiment les risques, chaque cabinet est vulnérable aux cybermenaces, allant de l'espionnage à la captation financière.
Cependant, des mesures préventives et réactives peuvent être mises en place pour protéger les données sensibles et limiter les dommages en cas d'attaque. Cet article explore ces risques et offre des conseils pratiques pour renforcer la cybersécurité des cabinets d'avocats.
Lorsqu’on travaille dans le domaine de la fiscalité, en particulier dans le secteur de l’innovation et du Web3, la cybersécurité des données devient rapidement une préoccupation majeure.
Bien que je ne sois pas experte en la matière, j'ai dû mettre en œuvre diverses solutions pour protéger mon cabinet. Cela inclut la cartographie des risques, la souscription à une assurance spécifique, l'élaboration de processus internes, la sécurisation des données, et la formation régulière de mon équipe. Cette démarche a éveillé l'intérêt de mes collègues.
Beaucoup d’avocats considèrent encore le risque cyber comme une hypothèse lointaine, croyant que cela ne les affectera pas avant plusieurs années. Ils ne réalisent pas souvent qu'ils manipulent des données extrêmement sensibles, qu'il s'agisse de celles de leurs clients ou de leur propre personnel. Même lors de discussions, la prise de conscience de ces risques reste un défi.
C'est pourquoi j'ai été particulièrement heureuse d'apprendre que le CNB a organisé une formation spécifique sur la cybersécurité pour les cabinets d’avocats le 3 novembre dernier et a publié un guide destiné aux avocats souhaitant sécuriser leurs cabinets. Grâce à la plateforme de SEPTEO, j'ai l'occasion de discuter des enjeux de la cybercriminalité pour nos cabinets et de partager les solutions que nous avons adoptées pour minimiser les risques d'attaques.
En tant qu'avocate fiscaliste, je précise que je ne suis pas une spécialiste en cybercriminalité. Cependant, ces questions m’intéressent depuis plusieurs années, et je souhaite partager avec vous mon point de vue et mon expérience. Pour une analyse détaillée et adaptée à votre situation, il est crucial de consulter des professionnels qualifiés.
Passons maintenant à notre première question : quels sont les risques réels ?
Oui !
Vous pourriez penser : "Les données de mes clients ne sont pas particulièrement sensibles, donc je ne risque rien." Ce n’est pas le cas.
Il est important de comprendre que les cybercriminels ciblent de plus en plus d'entreprises, quel que soit leur secteur d'activité. Prenons l'exemple des artisans : leurs emails peuvent être piratés pendant un week-end, de nouveaux RIB sont envoyés, et les acomptes disparaissent avant même que la victime ne s'en rende compte le lundi matin. Plus proche de notre domaine, la fraude au RIB chez les notaires cause chaque année plusieurs millions d’euros de pertes. Alors c'est clair que nos cabinets ne sont et ne seront pas épargnés.
Si, au départ, les attaques sur les cabinets d'avocats étaient ciblées (principalement sur les cabinets anglo-saxons ou les avocats de célébrités et politiciens), aujourd'hui, aucun cabinet n'est à l'abri. De plus en plus de confrères peuvent en témoigner : ce ne sont pas nécessairement les plus grandes structures qui sont visées. En fait, ces grandes structures, désormais conscientes de ces enjeux, ont mis en place des moyens, notamment humains, pour réduire les risques de cyberattaque. Aujourd'hui, les hackers ciblent tout le monde, surtout ceux qui n'ont pas les moyens de se protéger, les cibles "faciles". La taille de votre cabinet ne vous met donc pas à l'abri de ces risques.
Quand on pense aux risques cyber, beaucoup d'avocats se disent : "Je suis trop petit, je ne travaille pas pour des grandes entreprises, je n'ai pas de données importantes."
Pourtant, tous les avocats détiennent des données sensibles : informations personnelles ou confidentielles, RIB et coordonnées bancaires, documents d’identité, adresses postales, numéros de téléphone, adresses web, avis d’imposition, etc. Ces données se revendent très bien sur le darknet, où elles peuvent être utilisées pour ouvrir des comptes bancaires, souscrire des prêts à la consommation, et bien plus encore.
En outre, vous pouvez détenir des informations encore plus sensibles telles que les numéros de comptes bancaires, les épargnes et les cryptomonnaies de vos clients. Ces données sont cruciales, par exemple, pour calculer une pension alimentaire dans le cadre d’un divorce, pour préparer la déclaration fiscale de votre client, ou pour intervenir dans des procès à retombées médiatiques.
On peut penser à l'affaire Charlie HEBDO, où des avocats des parties civiles ont vu des données particulièrement confidentielles divulguées, comme les coordonnées personnelles des magistrats et enquêteurs, ou des photos des victimes. En bref, pas besoin d’être l’avocat de politiciens ou de grandes entreprises internationales pour détenir des données précieuses et monnayables.
Les cabinets d'avocats peuvent être victimes de plusieurs types d'attaques :
Espionnage : Les cybercriminels cherchent à obtenir des informations cruciales sur une technologie, un client, ou des coordonnées difficiles à trouver, comme celles du dirigeant ou du directeur financier. Ces données peuvent être utilisées pour des demandes de rançon, pour accéder à des fonds sur des comptes, exercer une pression médiatique, ou usurper l'identité de dirigeants et de comptables pour effectuer des virements frauduleux.
Déstabilisation : Les attaquants peuvent paralyser un cabinet en envoyant un cheval de Troie qui bloque les ordinateurs, l'accès aux données et au réseau (surtout pour ceux qui ne travaillent pas sur le Cloud). Ici aussi, la demande de rançon est souvent l'objectif final.
Captation financière : Comme les notaires et les artisans, les avocats peuvent être victimes de fraude au RIB, où un « nouveau RIB » est transmis pour détourner des versements de fonds ou de salaires. Les cybercriminels peuvent imiter votre comptable ou se faire passer pour vous auprès de votre comptable pour récupérer de l'argent. Étant donné que la gestion des relances clients peut parfois prendre du temps, il se peut que l'on ne découvre qu'après coup que les fonds ont été détournés vers le compte d'un tiers.
En comprenant ces types d'attaques, les cabinets d'avocats peuvent mieux se préparer et se protéger contre les menaces cybernétiques.
La cybersécurité est une préoccupation cruciale pour les cabinets d'avocats, qui détiennent des données sensibles et précieuses. Peu importe la taille du cabinet, tous peuvent être ciblés par des cybercriminels. Les attaques peuvent prendre diverses formes, de l'espionnage à la captation financière en passant par la déstabilisation.
Il est essentiel pour chaque avocat de comprendre les risques, de mettre en place des mesures de protection adéquates et de rester vigilant face à ces menaces. En adoptant une approche proactive, les cabinets peuvent réduire considérablement leur vulnérabilité aux cyberattaques.